Le re-cycling est au coeur de ta démarche. Au-delà de l'ésthétisme de ces nouveaux objets qui renaissent dans tes mains, quel message envoies-tu au monde ?
Le re-cycling fait partie de ma culture aussi loin que je m'en souvienne. Ma mère faisait des tapis, des kilims, à partir de chutes d'anciens tissus. Elle les teignait avec des teintures naturelles qu'elle mettait elle-même au point (brou de noix, écorces d'arbres, épices, thé...). Elle fabriquait ses propres métiers à tisser en fonction des dimensions des ouvrages, elle récupérait, lavait, filait, teignait, puis tissait la laine des moutons qu'elle élevait. Elle pouvait fabriquer un tapis uniquement à partir de ce qu'elle avait autour d'elle.
J'ai inconsciemment procédé de la même manière pour mes créations. Ce choix par défaut (de moyens) est devenu un choix par conviction esthétique.
En revanche, je n'ai aucun message concernant les vertus du re-cycling à envoyer car se serait moralisateur. À chacun sa conscience écologique. Un objet recyclé réussi est selon moi celui qui peut rivaliser avec un objet industriel en matière d'esthétisme, de modernité et de techniques.